Il illumine la nuit
Les ruines
Cerne les contours
Darde de tous ses feux
Au milieu
D'un ciel incarné
Au centre
De l'édifice condamné
J'avais envie de poésie et de tendresse parce que le monde en manque cruellement. La vraie pertinence aujourd'hui, c'est de révéler la poésie qui est en nous. Bartabas
Entre deux brassées
L' air inspiré
Volumes du ciel parcourant le corps
Vérité en soi cousue de fils d'or
L' air insufflé
En pétales de mots qui s'exposent,
Et qui ne sont que poussières de gnose
Perdue la lune
Étroit l'horizon
Le vent hurle
Non sans raison
Sainte colère
Froid le béton
Tombée à terre
Mauvaise saison
Dans ce monde en circonvolutions nous naissons tous avec la même double promesse: celle d'élaborer notre âme jusqu'à la lie et celle, finalement pas si grave, de mourir.
En ce lieu crépusculaire
Que les étoiles
Au-dessus de la tête
Remettent en majesté
Nous resterons muets
Pour l'éternité
Du sein de l'ombre
Je tends un doigt invisible jusqu'à toi
Pour ne plus avoir honte
De ce qui fléchit constamment en moi
Je t'ai vu couché sur un nuage flottant
Vaisseau sombre, calme, lent
Essoufflé le voyage, doucement le déplacement
Les coutures cèdent, tu pars progressivement
Ton corps s'étire, tu deviens grand
Dans mon ciel au soleil couchant
Un blanc qui étire l'espace
L' étranglement des mots
La douceur prise dans la nasse
La sombreur, les maux
La vie d'un être qui s'efface
Et tout ce qui n'a pu être dit plus tôt
Les engouements s'éteignent
Mais les émotions demeurent
Au creux de la mémoire
Registre où vibrionnent
Les feuillets du sensible
Où persiste une lueur
Que vienne la lumière vibrante traverser
ce pays maudit cet esprit diffus
où les événements sont consignés
où le ravage n'est point censuré
Et qu'elle illumine ma course
vers la mort programmée.
Le fil si mince
Qui se détache du fond blanc
Comme les feuilles de l'arbre
Sous l'effet du vent
C'est le cheminement sans frontières
Qui nous aide à sortir du temps
Fil rouge clair presque sang
Unissant l'infime
À l'immensément grand
Déroulé si fragile
Comme la mémoire
L'est au présent
Des décennies dans l'inconscience généralisée
Ou à l'inverse dans le cynisme planétarisé
Menaçant les espaces vierges, la biodiversité
Drainant réfugiés, condamnés, fanatisés.
Misères et missiles à longue portée...
Le sauvage est doté de deux bras, de deux jambes et de la pensée.
Sous la coupole de l'aurore
Par centaines condensées
Des Pointes de rosée,
Petits ballons colorés,
Tapissent la terre et le ciel de joie
Gouttes d'éternité
Sur le chemin
La voiture s'avance
Longeant les longères
Et dérange les mésanges
Sur le sol parsemées
Flottante réalité
Les feuilles s'envolent
Et inondent d'or
L'espace irradié
Les ombres sensuelles
Dansent quand brûle l'été
Flou chamarré
Le son est si lent qu'on ne sait si le champ
Est en ruines si le chant germe doucement
Pudiquement il interroge notre condition,
Rendant hommage à l'ébauche de notre monument
Colorant les carreaux de nous autres
Malvoyants