le 09/02/14
Maman j'ai oublié la caresse de tes mains sur mon visage.
J'ai oublié de te dire je t'aime tant de fois.
Je n'y arrivais plus, je n'y arrivais pas.
J'ai oublié les bonnes choses...
Il a fallu mettre en état d'hypnose
mes sentiments, mes terreurs, mes meurtrissures ;
m'essayer, cahin-caha, à la couture
pour avancer, pour permettre l'ajustage.
Ce qui devait nous rapprocher,
un écart d'à peine seize années,
nous a finalement séparé.
Tu fus mère prématurément.
Et moi j'ai compris l'erreur à mes onze ans.
Depuis je ne sais plus ce que veut dire
être la petite de sa maman.
Je le devine dans le regard de mes enfants.
Les rôles ont été confondus pour le pire.
Je fus considérée comme ton égale
et avec une once de perversion supplémentaire
peut-être comme une rivale...
Bien souvent je me suis sentie trahie, abandonnée.
Ce qui pourrait expliquer ma solitude contrainte ou recherchée
et cette pensée ancrée que l'autre puisse être un potentiel danger.
Maman, ma petite maman, je ne te reproche rien.
Comment aurais-tu pu concevoir l'inconcevable?
De cela, ni toi ni moi n'avons à nous sentir responsables
Seule la main meurtrière est coupable.
Ainsi est mon chemin et maman c'est triste à dire mais...
c'est quand tu seras veuve que je retrouverai
dans ton regard inquiet l'enfant que j'étais
et que j'apprendrai peut-être à aimer mon pater en tant que père,
celui à qui j'ai pardonné sans que certains détails n'aient pu être effacés.
A l'aube de mes quarante-trois ans,
je conclue ainsi le chapitre parce qu'il est temps
en murmurant entre les lignes:" Je t'aime maman.
Ne t'inquiète pas. J'essaie d'aller bien..."